COGNARD (Aurélie), Le
Festival des Nuits de Bourgogne (1954-1984), pour la sauvegarde de "l'âme
créatrice" française.
Au lendemain de la Libération, beaucoup de Français exprimèrent le
désir de voir s’établir en France, une véritable démocratie sociale fondée sur
des valeurs humanistes. Parmi elles, le droit à l’égalité face à la culture fut
évoqué et défendu par bon nombre d’acteurs culturels : hommes politiques,
hommes de théâtre entre autres. L’engagement de ces derniers fut
particulièrement vif pour rendre au théâtre le caractère populaire qui était le
sien durant l’Antiquité ou le Moyen-âge. La forme festivalière en plein-air
connut un véritable succès, influencée notamment par le succès avignonnais.
Michel Parent (1916-2009), président-fondateur des Nuits de Bourgogne fut de
ceux-ci, et tenta de présenter à une province endormie, des spectacles
pluridisciplinaires donnés par les plus grandes compagnies nationales et
internationales avec en toile de fond, le patrimoine monumental de la région.
Il fit également de son Festival un véritable lieu de recherche
scénique, à une période où l’on tentait de rendre le théâtre moins bourgeois à
la fois dans la salle, mais également sur la scène, ce qui amena de nombreuses
réflexions sur le rapport entre les spectateurs et l’espace scénique. Michel
Parent endossa même le costume de créateur en écrivant différentes pièces de
théâtre dès les débuts du festival (en rendant par ailleurs hommage à Jacques
Copeau), et en proposant différentes expérimentations scéniques telles que le
théâtre simultané.
Pourtant, malgré tous les efforts de l’équipe bénévole des Nuits
de Bourgogne pour faire de ces fêtes estivales de grandes cérémonies
populaires, le public fut majoritairement composé de personnes initiées. Par
ailleurs, avec des moyens toujours précaires et à une époque où les politiques
culturelles des municipalités s’affirmèrent, Michel Parent dût mettre un point
final à cette belle aventure en 1984.