TABBAGH (Vincent), Les
fondations de prières dans les campagnes du Val-de-Saône au milieu du XVe
siècle.
Les déclarations exigées de toutes les communautés ecclésiastiques
par l’administration ducale pour établir un droit d’amortissement des donations
qu’elles ont reçues permettent de mesurer et de mieux comprendre les
générosités destinées par les fidèles au remède de leur âme. Dans les campagnes
du Val de Saône au milieu du XVe siècle, plus d’un feu sur dix a jugé utile de
donner, par acte entre vifs ou par testament, une terre ou une rente pour
s’assurer des prières à son intention jusqu’à la fin des Temps. La forme la
plus fréquente, une messe chaque année, se trouve concurrencée, auprès des plus
pauvres en particulier, par l’énonciation de leur nom chaque dimanche aux
prières du prône de la messe paroissiale. Ces fondations sont parfois le fait
d’individus soumis à la mainmorte ou que leurs voisins considèrent comme
misérables lorsqu’il s’agit d’établir l’impôt. Plus nombreuses dans les
familles étroites, mais plutôt mal vues par les seigneurs laïcs, elles
concluent sans doute une démarche d’exemplarité. Forme d’intégration de chacun
dans sa communauté paroissiale, puisque celle-ci reçoit bien davantage ces dons
que les communautés régulières, l’exigence de prière mémorielle s’enracine dans
la conscience qu’elle est, avant les mérites ou la foi, le plus efficace moyen
de pardon des péchés et de salut éternel de l’âme individuée.