mercredi 30 juillet 2014

Résumé 86/2-3/4



Corinne Marchal

La représentation confessionnelle de l’adversaire dans le récit du siège de Dole de Jean Boyvin (1636)

Mettant fin à la neutralité séculaire des deux Bourgognes, la phase militaire de la guerre de Dix Ans commença par le siège de Dole (28 mai-15 août 1636), dont le récit fut publié par le parlementaire Jean Boyvin qui avait été l'âme de la résistance des assiégés. Il proposait une image belligène de l'adversaire fondée sur son altérité religieuse. Nous cherchons à en préciser les sources d'inspiration, l'originalité et les buts. Fidèle à un catholicisme intransigeant fortifié par l'épanouissement en Comté de nouvelles dévotions à caractère antiprotestant, membre d'un parlement qui pourchassait toute déviance religieuse, Boyvin identifie l'adversaire au pluralisme religieux que celui-ci admet, pour démontrer l'impossible union avec une province où l'« hérésie » est honnie. Voulant avertir les catholiques français du danger des alliances de Richelieu avec les États protestants, il figure le prince de Condé, commandant l'armée royale, en homme pieux mais débordé par la fureur iconoclaste et sacrilège de ses alliés suédois, laquelle provoque le châtiment divin de la défaite. La représentation de Suédois en barbares iconoclastes s'inspire de celles circulant en Europe dans le camp habsbourgeois. Plus originale est la démonstration de la contamination aux combattants français que provoque cette rage aveugle, qui n'épargne pas même le sanctuaire  de Notre-Dame du Mont-Roland, symbole de l'unité des deux Bourgognes.

Mots-clés : frontière religieuse, représentation, pluralisme religieux, iconoclasme, ennemi.

Ending the neutrality of the two Burgundies, the military phase of the Ten-Year War began with the siege of Dole (28 May-15 August 1636), the account of which was published by Jean Boyvin, member of Parliament, who had been the soul of the resistance of the besieged. He spread a belligerent image of the enemy, based on religious differences. We are trying to show what inspired this, its originality and its purpose. Faithful to an intransigent Catholicism, strengthened by the development in Franche-Comté of new devotions that were characterized by anti-Protestantism, member of a Parliament which fought all religious deviances, Boyvin identifies the enemy by its admitted religious pluralism, to demonstrate the impossibility of an alliance with a province where « heresy » is hated. Trying to warn French Catholics of the danger of Richelieu’s alliances with Protestant countries, he shows the prince of Condé, who commands the royal army, as pious but unable to stop the iconoclastic and sacrilegious rage of the Swedish allies, which causes the divine punishment of defeat. The figure of barbarian and iconoclastic Swedes is inspired by those of Habsburg faction. It is more original to insist on the imitation by the French of this unreasoning rage, which does not even save the marial sanctuary of Mont-Roland, symbol of the unity of the two Burgundies.  

Key-words : religious frontier, représentation, religious pluralism, iconoclasm, enemy.